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Envie de partager mes émotions de lectures et de cinéma dans la blogosphère...

Dimanche poétique (23)

Il y a quelques jours, j'ai lu le billet de Bleue & Violette à propos de Sylvia Plath et de son roman La Cloche de détresse. J'avoue que je ne connaissais pas du tout cette auteure, mais son histoire m'a intriguée et j'ai voulu en savoir plus... Du coup, j'ai fouillé sur le net à la recherche d'un de ses poèmes, et en voici un que j'ai bien aimé.

 

 

 

Lettre d'amour

 

Pas facile de formuler ce que tu as changé pour moi.
Si je suis en vie maintenant, j'étais alors morte,
Bien que, comme une pierre, sans que cela ne m'inquiète,
Et je restais là sans bouger selon mon habitude.
Tu ne m'as pas simplement un peu poussée du pied, non
Ni même laissé régler mon petit oeil nu
A nouveau vers le ciel, sans espoir, évidemment,
De pouvoir appréhender le bleu, ou les étoiles.
Ce n'était pas çà. Je dormais, disons : un serpent
Masqué parmi les roches noires telle une roche noire
Se trouvant au milieu du hiatus blanc de l'hiver -
Tout comme mes voisines, ne prenant aucun plaisir
A ce million de joues parfaitement ciselées
Qui se posaient à tout moment afin d'attendrir
Ma joue de basalte. Et elles se transformaient en larmes,
Anges versant des pleurs sur des natures sans relief,
Mais je n'étais pas convaincue. Ces larmes gelaient.
Chaque tête morte avait une visière de glace.
Et je continuais de dormir, repliée sur moi-même.
La première chose que j'ai vue n'était que de l'air
Et ces gouttes prisonnières qui montaient en rosée,
Limpides comme des esprits. Il y avait alentour
Beaucoup de pierres compactes et sans aucune expression.
Je ne savais pas du tout quoi penser de cela.
Je brillais, recouverte d'écailles de mica,
Me déroulais pour me déverser tel un fluide
Parmi les pattes d'oiseaux et les tiges des plantes.
Je ne m’y suis pas trompée. Je t'ai reconnu aussitôt.
L'arbre et la pierre scintillaient, ils n'avaient plus d'ombres.
Je me suis déployée, étincelante comme du verre.
J'ai commencé de bourgeonner tel un rameau de mars :
Un bras et puis une jambe, un bras et encore une jambe.
De la pierre au nuage, ainsi je me suis élevée.
Maintenant je ressemble à une sorte de dieu
Je flotte à travers l'air, mon âme pour vêtement,
Aussi pure qu'un pain de glace. C'est un don.

Sylvia Plath
(extrait d'Arbres d'hiver,trad. de Françoise Morvan et Valérie Rouzeau, Gallimard, 1999)

http://www.nanogirl.com/images/sylvia2.jpg
Pour retrouver les autres participants aux Dimanches poétiques, c'est chez Bookworm que ça se passe!
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H
<br /> Je ne connaissais pas non plus !!!<br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> Ravie de te l'avoir fait découvrir!<br /> <br /> <br /> <br />
R
<br /> J'ai jeté un coup d'oeil à ta PAL (et je commente ici).<br /> J'ai lu "Je vais bien, ne t'en fais pas" et "Cadavre X", et tu as un S. King que je ne connais même pas !!<br /> Bref, vivement que tu les lise, et que moi je lise tes avis !!<br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> Un jour un jour...  J'essaye de lire les cornwell dans l'ordre mais ça fait un moment que je n'en ai pas lu!!<br /> <br /> <br /> Merci d'être passée par ici!!<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> une découverte, je ne connaissais pas cette poétesse<br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> Moi non plus je ne la connaissais pas. Mais j'aime beaucoup sa plume.<br /> <br /> <br /> <br />