Titre : Hors-Service
Titre original : Mogen för Skrubben
Auteure : Solja Krapu
Trad. du suédois par Max Stadler et Lucile Clauss
Gaïa, 2011
Résumé :
Eva-Lena a une petite vie bien rodée, avec maison, enfants, mari et collège. Elle est parfaite, quoique un brin hystérique dès qu'on vient changer son planning. Un vendredi soir, elle enfourche son vélo pour aller faire des photocopies au collège. Ça l'avancera pour lundi ! Sauf qu’elle se retrouve enfermée dans le local de la photocopieuse. Pour tout le week-end ?
Par l’ingéniosité de son sujet, le ton tragi-comique, la richesse des personnages et leur psychologie décortiquée sans chichis, Hors-Service cible juste. Car enfin, qui oserait prétendre qu’il ne se sent — au grand jamais ! — ne serait-ce qu’un tout petit peu prisonnier de son quotidien ?
L’auteure :
Solja Krapu est née en Finlande en 1960 et vit en Suède depuis ses 16 ans. Auteur de livres pour enfants et poétesse, elle est un des piliers du mouvement de poésie slam en Suède, et lauréate de plusieurs prix dans cette catégorie. Avec sa présence scénique, son humour et ses textes fins et espiègles, elle nous aide à capter la poésie dans nos propres vies. (Source Communiqué de presse)
Mon avis :
Tout d’abord, je tiens à remercier les éditions et le site
(avec son opération Masse critique) pour la découverte de ce
roman.
Pourquoi avoir choisi ce livre ? Le résumé m’a attiré ! Une femme coincée, enfermée dans une petite pièce ! Je me suis dit que ça devait être assez angoissant… Je me suis souvent demandée ce que je ferai si je me retrouvais enfermée dans un ascenseur par exemple… C’est donc ça qui m’a incité à postuler pour ce titre !
Eva-Lena, le personnage principal, est quelqu’un de très pointilleux et très organisée dans sa vie professionnelle tout comme dans sa vie personnelle (organisation d’un emploi du temps avec heures précises et obligatoires de repas en famille par exemple…).Elle veut que sa famille ne manque de rien, mais ses actions ne sont pas réellement comprises par sa famille qui l’a trouve coincée ! Au début du roman, donc, on la retrouve coincée dans ce local à photocopie qui n’a pas de fenêtres et dont la porte est coincée… Elle n’a pas avec elle son téléphone portable, personne ne sait qu’elle devait venir au lycée, on est vendredi soir et il n’y a plus personne… Va-t-on la rechercher ? Va-t-on s’inquiéter de son absence ? Contrairement à beaucoup d’entre nous, je pense, Eva-Lena ne panique, garde un calme inimaginable dans cette situation… Elle va en profiter pour faire un peu de ménage et de tri dans le local, compter les secondes avant que la lumière automatique ne s’éteigne, et puis au bout d’un moment elle prend feuilles et crayon et commence à réfléchir à sa vie, à ce qu’elle est devenue depuis la rentrée. Elle prend alors conscience que depuis le retour d’une de ses anciennes amies d’enfance dans sa vie, elle a énormément changé de comportement…
Ce roman est écrit dans un style très léger, on s’attache facilement au personnage Eva-Lena (ses enfants et son mari ne sont pas vraiment à son écoute, et la critiquent sans chercher à la comprendre). Solja Krapu nous décrit cette situation assez absurde de façon, fraîche, drôle, délicate, mais aussi de façon réfléchi dans les « récits » les plus importants de la vie d'Eva-Lena. Hors-Service est son premier roman traduit en France et j’espère que ça ne sera pas le dernier !
J’ai vraiment passé un très bon moment de lecture, entre sourire et tristesse (lecture qui fut donc riche en émotions…).
Pour finir un petit passage qui m'a fait sourire :
" D'abord, il me faut chaque année plus de temps pour me séparer de l'école. En fait, je suis devenue incapable de le faire. Ensuite, tous mes intérêts personnels sont reliés à ma profession. Ne serait-ce, par exemple, que de lire un bon livre. La plupart des gens considèrent cela comme un plaisir,et c'était également mon cas au départ, mais c'est devenu une question d'utilité : vais-je réellement passer du temps à lire ce livre-ci, alors qu'il est clair que je tirerais plus de la lecture de tel autre? Il n'y a pas seulement le fait que je doive être toujours au courant des dernières parutions pour la jeunesse : je considère aussi comme de mon devoir d'avoir lu au moins quelques titres écrits par le prix Nobel de l'année. De plus, je dois garder du temps pour ce dont il est question dans les pages culturelles. Et il va de soi que je lis la littérature anglophone en version originale."