Titre : Droit du sol
Auteur : Charles Masson
Editeur : Casterman
Collection : Ecritures
Prix : 24 euros
Résumé :
MAMOUDZOU (AFP) - Quatorze personnes ont péri et sept étaient toujours portées disparues vendredi soir, 24 heures après le naufrage, au large de Mayotte, d’une barque chargée de clandestins en provenance des Comores venus chercher fortune sur l’île française de l’Océan indien. Selon les témoignages des rescapés, le "kwassa", une barque de pêche traditionnelle, transportait 33 personnes, dont 7 enfants. Il a sans doute heurté un platier, c’est-à-dire un haut-fond de corail découvrant à marée basse. C’est un pêcheur qui a découvert le naufrage. Il a réussi à sauver huit personnes en les déposant sur une plage, avant de donner l’alerte à 01H05 locales vendredi. Le PC de l’action de l’Etat a aussitôt été activé pour suivre le déroulement des opérations. Toute la nuit, une vedette de la police de l’air et des frontières, une autre de la gendarmerie ainsi qu’un navire de la gendarmerie maritime ont participé aux recherches, renforcées par un ULM au lever du jour. Quatre naufragés supplémentaires ont ainsi pu être secourus. Un précédent naufrage de "kwassa", le 24 juillet, avait fait six morts et seize disparus à un kilomètre à peine des côtes.
Mon avis :
Charles Masson nous emmène à Mayotte, petite île paradisiaque situé au nord-ouest de Madagascar. Même si l'auteur place
son récit dans un décor qui fait rêver (n'est-ce-pas Djamilat?!), il met en avant une injustice.
C'est le premier ouvrage que je lis de cet auteur mais je pense qu'il ne sera pas le dernier...
Cette bande dessinée ou plutôt ce roman graphique invite le lecteur à découvrir le quotidien des Mahorais, celui qui se déroule loin des plages paradisiaques et des touristes.
Il alterne scènes du quotidien des "blancs" de métropôle venus pour des raisons plus ou moins louables à Mayotte et
scènes de traverser à bord des "kwoiça", petites barques pleins de clandestins venus chercher argents et un peu de confort grâce notamment à la médecine, en territoire français.
L'auteur dresse le portrait de ces Français exilés et de ces clandestins ayant survécus à la périlleuse traversée. Au fil de l'histoire, les personnages évoluent, tout en levant le voile sur les aspects peu reluisants de l’île (prostitution, arnaques en tout genre,...). Il souligne l'évolution du regard des mahorais et des métropolitains au fur et à mesure des changements politiques. L'arrivée de Sarkozy à la tête de l'Etat va par exemple précipiter la "chasse" aux clandestins qui avaient jusque là plus ou moins leur place dans la société mahoraise. Il pose aussi un regard critique sur le système de santé à travers les personnages de médecin et de Danièle la sage femme. A son arrivée, Danièle est là pour accoucher les femmes toutes nationalités confondues. Tous les soins sont gratuits. Mais voilà il faut rentabiliser les soins. Les femmes n'auront plus droit à l'Entonox (gaz qui sert à endormir les patientes puisqu'il n'y a pas de péridurales) pour apaiser les douleurs lors de l'accouchement... Comme le dit le chef de service "les femmes accouchant naturellement et sans douleur sur cette île, il ne sera plus nécessaire de les endormir au gaz dans les salles d'accouchement..." (p.251)
On voit que les diverses injustices abordées ici touche Charles Masson qui offre un regard critique sur une réalité trop méconnue.
Ma note : 4/5